La réouverture du musée Lenbachhaus à Munich

Juin 12, 2013 at 11:51 1836

Après plus de trois ans de travaux et quelques €63,3 millions dépensés, un haut-lieux de l’expressionisme allemand a rouvert ses portes le 8 mai 2013: Le musée municipal Lenbachhaus à Munich.

Le Lenbachhaus se situe dans l’ancien atelier et dans la villa du“peintre-prince” (Malerfürst) Franz von Lenbach. Né le 1e décembre 1836 à Schrobenhausen sous le nom de Franz Seraph Lenbach, Ritter von Lenbach depuis 1882, il est décédé le 6 mai 1904 à Munich. Il occupait une position relevée dans la société et tenait un salon artistique de renom; c’est la raison pour laquelle il fut appelé Malerfürst, comme quelques autres artistes de l’époque tels que Hans Mackart et Franz von Stuck, dont la Villa Stuck à Munich héberge d’ailleurs un autre musée, bien que d’une importance mineure.

Le fameux musée Lenbachhaus à Munich. Photo © Städtische Galerie im Lenbachhaus München / Galerie municipal Lenbachhaus Munich.

La nouvelle aile du musée Lenbachaus à Munich. Photo © Städtische Galerie im Lenbachhaus München / Galerie municipal Lenbachhaus Munich.

Le cœur du Lenbachhaus reste le Cavalier Bleu (Blauer Reiter). Commandez le catalogue actuel en allemand, Der Blaue Reiter im Lenbachhaus München, Prestel, 2013, 372 pages, chez Amazon.de.

Franz von Lenbach était fameux pour ses portraits de personnalités tels que le chancelier Otto von Bismarck ainsi que les empereurs Guillaume Ier et Guillaume II d’Allemagne. Il était le peintre idéal d’une époque caractérisée par une noblesse et une bourgeoisie qui recherchaient le prestige et qui aimaient se voir représentés dans des portraits opulents.

En 1887 et 1888, Franz von Lenbach faisait construire son atelier, ensuite sa villa d’après un projet de l’architecte Gabriel von Seidl. L’intérieur est inspiré par des villas florentins, tandis que le jardin avec escalier romain et vasques fontaine s’inspire de la Villa Medici dans la Ville éternelle.

A l’origine, l’atelier et la villa du Lenbachhaus n’étaient pas joints. Le jardin magnifique par Max Kolb est également une addition ultérieure telle que l’aile nord sur deux étages, construite par Hans Grässel à partir de 1924.

L’élargissement de la villa avait lieux après que la ville de Munich avait acquis la propriété de la la deuxième femme de l’artiste, Lolo von Lenbach, née Charlotte von Hornstein, pour la transformer en galerie d’art municipal. Donc ce qui nous semble aujourd’hui une unité réussite, n’est en fait que le résultat d’élargissement et additions ultérieurs qui s’est terminé en 1929 avec l’ouverture du musée, qui n’a reçu qu’a ce moment sa couleur ocre, pour renforcer le sens de l’unité de l’ensemble architectural.

Le bâtiment fut largement détruit pendant la Deuxième Guerre Mondiale, reconstruit dans les années 1950 et rouvert dans les années 1970, avec une aile reconstruite qui hébergeaient la collection du Cavalier Bleu (Der Blaue Reiter), contenant des œuvres majeures deVassily Kandinsky, Paul Klee, Franz Marc et bien d’autres.

Le Lenbachhaus se distingue non seulement par sa collection permanente, mais également par ses expositions temporaires, dédiées à des artistes du Blauer Reiter (tels que Franz Marc en 2006) ainsi qu’à des contemporains.

L’élargissement du musée Lenbachhaus en 2009-2013 : un jeu de lumières

En mai 2013, le Lenbachhaus a rouvert ses portes après une rénovation et transformation de plus de trois ans, qui s’est notamment soldée par la construction du Nouveau Lenbachhaus, construit par les architectes Foster + Partners de Londres, qui frappe le visiteur par sa façade dorée.

Le concept lumineux a lui seul à couté quelque €4,3 millions. L’artiste de la lumière Dietmar Tanterl, un Autrichien qui vit à Munich, en collaboration avec l’entreprise OSRAM, a développé une illumination à base de diodes électroluminescentes (LED).

Seuls les salles d’exposition dans la villa originale de Franz von Lenbach ont largement gardé leur ancien concept des lumières, ainsi préservant l’impression d’une demeure de la fin du 19ème siècle, mon lieu favori.

Grâce à l’utilisation des LED (avec des diodes en cinq couleurs différents) et de light sheds, la lumière se répand de manière régulière, sans aveugler ni vaciller. Le spectre lumineux correspond à la lumière naturelle. Il peut être adapté selon les besoins des salles et des œuvres exposées. Le rayonnement ultraviolet et infrarouge est filtré, protégeant les peintures.

Les trois ailes anciennes ainsi que le jardin n’ont pas été fondamentalement transformés, car ils sont classés monuments historiques. Seul le nouveau bâtiment ajouté dans les années 1970 a été remplacé par le Nouveau Lenbachhaus à façade dorée, métallique.

Ólafur Elíasson

A parti de 2013, les visiteurs n’entrent plus par le jardin du musée, mais par un atrium qui relie le Nouveau Lenbachhaus avec l’ancienne villa. L’atrium d’une hauteur de 11 mètres est dominé par une sculpture d’Ólafur Elíasson. Le Danois d’origine Islandais qui vit à Berlin accueillit les visiteurs avec un objet géant, de huit mètres de haut et de huit mètres de diamètre.

Vu d’en bas, la sculpture Wirbelwerk, suspendu au plafond, ne ma pas trop plu. Vu du premier étage par contre, elle développe un certain charme, notamment parce qu’elle jette des couleurs, lumières et ombres sur les murs de l’atrium grâce à presque 450 vitres colorées à l’intérieur de la sculpture en métal et verre.

Wirbelwerk se distingue également par sa rotation, sa trajectoire en forme de spirale qui aspire les visiteurs. Illuminé de l’intérieur, l’objet change selon l’heure de la journée. C’est un kaléidoscope géant qui émerveille.

Œuvres exposées : trois thèmes centraux

Les trois thèmes centraux de la collection du Lenbachhaus sont les suivants:

D’abord la peinture du 19ème siècle auquel Franz von Lenbach appartenait. Sa veuve, Lolo von Lenbach, donnait sa collection à la ville. Cette collection d’œuvres, avant tout de l’école munichoise, furent ensuite élargie par la Fondation Christoph Heilmann par des peintures de l’école romantique de Dresde, des écoles de Berlin et Düsseldorf ainsi que de Barbizon, avec des peintures de Gustave Courbet et Camille Corot.

Le deuxième pilier du Lenbachhaus – et pour moi la raison principal de visiter ce musée – constitue les salles dédiées au Cavalier Bleu (Blauer Reiter) ainsi qu’à quelques artistes qui leur étaient proches: Vassily Kandinsky, Paul Klee, Franz Marc, August Macke, Robert Delaunay, Heinrich Campendonk, Alexej Jawlensky, Alfred Kubin, Marianne von Werefkin et Gabriele Münter y sont représentés par des œuvres majeures.

Vassily Kandinsky notamment avec Improvisation 19 de 1911, Improvisation 21A de 1911, Improvisation 26 (Rudern) de 1912 et la peinture sur verre inversée (Hinterglasbild) Mit Sonne de 1911; de Franz Marc on y trouve notamment Blaues Pferd I de 1911 et Kühe, Rot Grün, Gelb de 1911; de Paul Klee Der Wilde Mann de 1922 et Rausch de 1939. Ces quelques œuvres citées à elles-seules valent le voyage à Munich.

La collection du Cavalier Bleu au Lenbachhaus est impensable sans la donation généreuse de Gabriele Münter qui, lors de son 80ième anniversaire en 1957, a légué des œuvres éminents de son compagnon de plusieurs années, Vassily Kandinsky, de leurs amis artistes ainsi que de soi-même au musée.

Le troisième pilier du Lenbachhaus constitue l’art depuis 1945 à aujourd’hui. Lors de ma visite fin mai 2013, j’ai apprécié les ouvres subversifs d’Erwin Wurm qui se trouvent à l’entrée dans l’ancienne villa au rez-de-chaussée. Parmi les autres artistes on pourrait citer Gerhard Richter, Sigmar Polke, Anselm Kiefer et bien d’autres. Une place particulière appartient à Joseph Beuys . Grace à la collection Lothar Schirmer, le Lenbachhaus devient un centre incontournable pour cet artiste toujours controversé. N’oublions pas, pour terminer, de mentionner Thomas Demand, qui a conçu le logo du Nouveau Lenbachhaus avec une écriture qui évolue d’antiqua base à sans-serif, et qui s’illumine la nuit.

Le cœur du Lenbachhaus reste le Cavalier Bleu (peintres expressionistes). Commandez le catalogue actuel, Der Blaue Reiter im Lenbachhaus München, Prestel, 2013, 372 pages, chez Amazon.de. Des livres au sujet de l’expressionisme allemand chez Amazon.fr et Amazon.de.