George Robert

Mai 19, 2014 at 11:51 1583

Un entretien avec le saxophoniste suisse George Robert sous forme de conversation à bâtons rompus par « Beethoven » (Jean-Michel Reisser)

GEORGE ROBERT : « YOUNGBLOOD ! »

Le saxophoniste suisse romand George Robert n’a jamais aussi bien porté son surnom qu’en cette fin d’année 2013. En effet, après une année de graves ennuis de santé, notre « héros national » est de retour aux affaires, et ce depuis quelques semaines. Il termine une tournée de plus de quinze jours en Suisse alémanique avec le Pepe Lienhard Big Band dont il est le « lead alto » et dans lequel il prend pas mal de solos. Il est d’ailleurs fort regrettable que ce magnifique orchestre ne se produise pas en Suisse romande : « Chez nous, les gens ne se déplacent pas pour aller voir les big bands. Je sais de quoi je parle puisque j’ai dirigé mon orchestre pendant 2 ans» me répond George ; « cela reste une grande et longue tradition en Allemagne et en Suisse alémanique, mais malheureusement pas en Romandie ». Son surnom de « Youngblood » lui fut donné il y a 40 ans par le Maître Sam Woodyard. « Je débutais, j’étais tout jeune et il est venu « jammer » avec moi. Quand nous avons fini, il s’est avancé vers moi en me disant : « Hey Man, tu dois continuer à jouer, tu es doué, tu as tout compris, « YoungBlood » ».Cette phrase le hante encore comme si c’était hier. « Tu te rends compte, un musicien de cette catégorie, venir m’encourager et me pousser à devenir musicien ? Cela ne semble pas possible ; et c’est pourtant bien la vérité » me confie George. Altiste, clarinettiste, pianiste, compositeur, arrangeur, leader, professeur, George possède plus d’une corde à son arc. Né à Chambésy/GE le 15 septembre 1960, d’un père fribourgeois ingénieur civil, qui travaille au bureau du BIT à Genève et qui crée le CIS (Centre international de sécurité des travailleurs) et d’une maman américaine, venant de Chicago. « Nous étions six frères et une sœur à la maison et la musique était présente jour et nuit. Comme j’étais le plus jeune, c’était mes autres frères, dont Marc entre autres, qui achetaient les disques. Tous les samedis, il allait dans le magasin « Disco-Club » à Genève et rentrait avec au moins trois cents francs de disques. En grande majorité, c’était du Jazz ».

Entretien sous forme de conversation à bâtons rompus : 

Jean-Michel Reisser (JMR) : «Le piano est ton premier mon instrument je crois ? »

George Robert (GR) : « Oui absolument et il le restera toujours. J’ai un feeling spécial avec lui.

A l’âge de dix ans, mon frère m’a suggéré de prendre des cours de musique. C’est à cette époque que nous avons formé un groupe. Comme j’étais le plus jeune, je n’avais pas trop mon mot à dire. J’aurais voulu jouer du piano mais comme Marc en jouait déjà et qu’il en était l’instigateur, je me suis mis à la clarinette ».


George Robert Quartet : looking ahead. TCB Records, 2002. Commandez ce CD chez Amazon.fr et Amazon.de.

JMR : « C’était donc un sextet un peu inhabituel… »

GR : « Oui, il y avait un piano, une contrebasse, une batterie, deux saxes et une clarinette. En même temps, j’étudiais le Jazz au Conservatoire populaire et mon professeur était Luc Hoffman. Quelle chance j’ai eu de le rencontrer. J’ai travaillé avec lui jusqu’à ma maturité. »

JMR : « Ce qui a été réellement déterminant pour toi, ce sont les concerts, le « live »… »

GR : «En effet. Dès le début des années septante, Pierre Bouru organisait de nombreux concerts et comme nous parlions l’anglais, il était plus facile d’aborder des musiciens comme Harry « Sweets » Edison, Eddie « Lockjaw Davis », Sam Woodyard, Jimmy Woody, etc. Dès l’âge de 14 ans, j’ai su que je consacrerais ma vie au Jazz. »

JMR : « Tu as une belle anecdote avec le grand batteur Billy Hart… »

GR : « Oui ! Il est venu à la maison quand j’avais 13 ou 14 ans et il a vu notre batterie. Il m’a dit « jouons quelque chose ». Je me suis exécuté et on a joué un thème de Charlie Parker. A la fin, il m’a dit « Man, écoute Bird et bosse ». Billy Hart me disant ça ? Je me suis mis au travail immédiatement ! (rires). Le fait de connaître tous ces musiciens en vrai, de les admirer et de posséder leurs disques m’a poussé à travailler sans relâche. Je me rappelle très bien quand le « New Morning » a ouvert à Genève. Nous avions ce groupe nommé « The Delta Belt » où nous jouions la musique des « Crusaders ». Ce furent mes débuts sur scène. Pendant que mes frères allaient boire des bières, comme j’avais de l’oreille, je transcrivais toutes les voix pour tous les instruments car, à l’époque, il n’y avait pas de partitions, il fallait tout relever d’oreille. Quel boulot ! (rires) »

JMR : Et puis, il y a eu Paul Thommen …

«GR : «Paul formait un octet et je suis devenu l’altiste du groupe. La musique était fantastique car on jouait des arrangements d’Oliver Nelson, Quincy Jones, Frank Foster, Frank Wess, Ernie Wilkins, Benny Carter, … J’étais comme un poisson dans l’eau. Il y avait de sacrés bons musiciens, tels que Richard Kraher, Philippe Staehli, Pierre Gautier, Francis Rothenbühler, qui aurait pu devenir un pro car il jouait comme un fou. Ce fut une belle époque. »

JMR : Tu pars ensuite pour Boston …

GR : «Andy McGhee, saxophoniste chez Lionel Hampton, m’a poussé à aller étudier à la Berklee Jazz School avec l’unique Joe Viola, un des fondateur de cette prestigieuse école. J’ai réussi à pouvoir étudier avec ce fabuleux pédagogue, musicien de jazz, mais il parlait surtout de musique et de sax avant tout. Il jouait de tous les instruments à vent, le hautbois, toute la musique classique, en plus, il avait un big band de Jazz ! C’est le plus grand pédagogue que j’aie jamais rencontré à ce jour, un personnage-clé dans toute ma vie mais aussi dans celle de tous ceux qui ont étudié avec lui, les Marsalis, Greg Osby, etc. Il était le premier à arriver à l’école le matin et le dernier à la quitter le soir. Il m’aimait beaucoup et quand je suis parti pour New York, il m’a dit que si je voulais revenir parfois à Boston, je pouvais loger chez lui. C’est incroyable; c’était un personnage fabuleux et unique. »

JMR : Tu as beaucoup appris dans les big bands de l’école…

GR : «Oh que oui ! Il y avait 4’000 élèves et pleins de big bands. Un jouait du Buddy Rich, un autre du Woody Herman, etc. C’est là que j’ai compris qu’il fallait avoir un gros son pour être entendu dans un orchestre et pour diriger une section. J’ai bien connu Greg Osby qui jouait avec moi et plein d’autres. »

JMR : « Tu as eu la chance d’obtenir une bourse pour aller étudier à New York pendant deux ans afin d’avoir un Master… »

GR : « Tout à fait. J’ai eu une chance immense. J’ai obtenu le maximum, qui était à l’époque 7’500 dollars US, par rapport à aujourd’hui où elles sont de l’ordre de 40’000 dollars US. Dans ma classe, il y avait Steve Turre le tromboniste et le bassiste Todd Coleman. »

JMR : « Bon, à ce stade de la conversation, il faut parler de Phil Woods, non ? »

GR : « Aahh ! (soupir d’émotion). Je remonte le temps. Au début des années septante, mon frère m’a fait découvrir le premier disque de Phil Woods en Europe. Cela datait de 1968. Je suis resté sans voix et je me suis dit : C’est comme ça qu’il faut jouer de l’alto.Je suis devenu un fan inconditionnel de Phil. Donc, j’arrive à New York et je savais qu’un jour, je le rencontrerais. J’avais apporté 50 pochettes de disques où Phil jouait (rires). Et ce jour arriva. Je lui ai demandé si je pouvais prendre un ou deux cours avec lui. Et hop, c’était fait. Il fallait 3 heures de voiture pour aller jusque chez lui. Je passais l’après-midi et rentrais le soir. Il m’a demandé de jouer des accords au piano; puis, quand il a vu que je savais ce qu’il me demandait, on a passé au sax. En fait, il ne m’a pas beaucoup montré de choses, nous avons plutôt travaillé sur les compositions et arrangements. Il m’a tellement appris de choses que certaines, je les utilise toujours aujourd’hui face à mes élèves. Il a réussi à créer des exercices sur des standards qui sont des plus utiles pour l’oreille. De plus, il travaille sans cesse et connaît toute la musique classique. »

JMR : « Vous êtes très proches de toute façon… »

GR : « Oui, nous avons tellement joué ensemble, des concerts dans le monde entier, cinq albums enregistrés, j’ai été son « lead alto » pour son big band maintes fois … Phil et moi, c’est comme Pierre Boussaguet et Ray Brown. »

JMR : A l’âge de 26 ans, tu oses monter ton quintet avec le fabuleux trompettiste Tom Harrell. Tu n’étais pas un peu « gonflé » de jouer avec un des membres du quintet de Phil Woods ?

GR : «Ne m’en parle pas ! Quand je pense à ça… Tu oublies également le batteur Bill Goodwin, qui était aussi le batteur du groupe de Phil ! Il aurait pu dire « écoute mon pote, je fais mes trucs avec mes musiciens, prends-en d’autres ». Eh bien ce fut le contraire. Tant que je ne mettais pas les pieds sur ses plates bandes, il n’y voyait rien à redire. Quand j’y pense, quel homme, Phil ! »

JMR : « Tu travaillais beaucoup avec ce groupe ? »

GR : « Oui. Nous avons fait beaucoup de concerts aux USA, au Canada et en Europe bien sûr, plus de 120. Jouer avec Tom est absolument incroyable, un des tout grands musiciens de notre temps. Le quintet était complété par Dado Moroni au piano, Reggie Johnson à la basse, et Bill Goodwin à la batterie. On a enregistré 5 albums ensemble entre 1986 et 1992. »

JMR : « Tu es donc sorti de la Manhattan School afin de former ce quintet ? »

GR : « Oui, exactement. Ensuite, j’ai joué dans pas mal d’orchestres à New York : Lionel Hampton, Toshiko Akiyoshi Big Band où j’étais assis entre Frank Wess et Lew Tabackin… Tu vois le tableau (rires) ? »

JMR : « En 1984, tu remportes le 1er prix de la revue « Down Beat » du meilleur groupe acoustique émergent… »

GR : « J’avais un groupe à New York avec Niels Lan Doky au piano, le bassiste français Gildas Boclé, et le batteur finlandais Klaus Suonsaari. Nous avons enregistré une démo et nous voilà élus dans Down Beat. Nous avons fait pas mal de dates. Claude Nobs nous a engagés pour jouer au festival de Montreux. Le lendemain, je suis allé à Seattle pour écouter jouer Phil Woods Quintet dans le Workshop de Bud Shank, Bud m’a engagé l’année d’après, puis je suis allé vivre 2 ans à Vancouver car il y avait de sacrés bons musiciens qui y jouaient ».

JMR : « Tu as aussi commencé à jouer avec tout le monde aux USA … »

GR : « Absolument. J’ai eu l’opportunité de jouer dans pleins de festivals et de « Jazz Parties », comme les Américains aiment à les nommer. Du coup, je me suis retrouvé sur scène avec Ray Brown, Jeff Hamilton, Diana Krall, Benny Green, John Clayton, Alan Dawson. Tu te rends compte ? J’ai joué au Lionel Hampton Jazz Festival avec Bud Shank, Arturo Sandoval, Claudio Roditi. Et Lionel Hampton était toujours présent, partout, à tous les gigs, du matin au soir, même quand ce n’était pas lui qui était prévu. Certains disaient: «mais quand va-t-il enfin s’arrêter de jouer ? » (rires) »

JMR : « En 1991, un événement change la donne … »

GR : «En bon expatrié suisse, j’ai reçu la revue « Swiss Revue ». On y parle alors des 700 ans de la fondation de la Suisse et je me dis qu’il faudrait faire quelque chose. Dado Moroni m’avait présenté le batteur Peter Schmidlin. Il connaissait pas mal de monde dans les affaires ; donc je me suis dit que l’on pouvait organiser une tournée originale. Cela m’a pris une année et demie. Le groupe fut composé de Peter à la batterie, Isla Eckinger à la basse, Dado Moroni au piano. Nous avons fait 65 concerts dans 16 pays pendant 16 semaines. Nous avons commencé à l’Est, Boston, New York pour aller vers l’Ouest. Clark Terry s’est joint au quartet pour pas mal de dates aux USA, puis le quartet est parti pour l’Asie du Sud-est, entre autres. »

JMR : « Comment as-tu fait pour obtenir toutes ces dates dans tous ces pays ? »

GR : « J’ai pris contact avec toutes les ambassades de Suisse et je leur ai demandé de me trouver un hôtelier suisse qui serait d’accord de nous héberger gratuitement. En contrepartie, nous jouions gratuitement avec le quartet dans l’hôtel. Comme tu le sais, dans n’importe quelle grande capitale du monde, il y a au moins un hôtelier qui a fait l’Ecole hôtelière de Lausanne. Donc, c’est comme cela que nous avons pu financer cette folle et fantastique expérience. Nous avons aussi joué, entre autres, en Inde et à Dubaï. Ce fut un immense succès. »

JMR : Et puis, d’un seul coup, après avoir joué dans le monde entier avec les plus grands, te voilà de retour au pays, la Suisse. Peux-tu m’en expliquer les raisons ?

GR : « Un jour, Peter Schmidlin m’appelle en me disant : « Hey, tu n’as pas le mal du pays après toutes ces années d’absence ? » Je lui dis : « non, pourquoi ? » – « Il y a Joe Haider qui quitte la « Swiss Jazz School » à Berne et j’ai pensé à toi. Avec tout le bagage que tu as, l’expérience en tant que musicien, tu es la personne rêvée pour devenir le directeur de l’école ». Je me suis dit que c’était un peu jeune, à 35 ans, pour être directeur d’école, surtout pour un musicien de jazz (rires). Et puis j’ai réfléchi et me suis dit que je pouvais essayer, et que si cela ne me plaisait pas, je pourrais reprendre la route et jouer. Au début, c’était très motivant car le niveau des musiciens était vraiment excellent, ainsi que les professeurs comme Andy Scherrer et bien d’autres qui sont de sacrés musiciens. Mais la partie administrative est lourde et difficile à assumer. J’ai tout de même pu emmener le « Swiss Jazz School Big Band » (de Berne !) aux USA pour de nombreux concerts où nous avions Clark Terry comme invité, ou encore à Montreux, afin de nous faire connaître. Je pense que ce fut une très bonne pub pour l’école, l’orchestre et le Jazz. Une excellente chose à mon humble avis. »

JMR : « C’est à cette époque que Chick Corea fait appel à toi ? »

GR : « Oui, au Verbier Jazz Festival. Il avait son trio, avec Avishai Cohen à la basse et Jeff Ballard à la batterie, un orchestre symphonique, plus Marc Godefroy au trombone et Rainer Heute le sax allemand. Quelle expérience ! »

JMR : « Combien d’années restes-tu à la « Swiss Jazz School »de Berne ? »

GR : « De 1995 à 2006. Pendant les quatre premières années, comme c’était subventionné par le canton, les marges de manœuvres étaient confortables. Depuis 1999, c’est devenu une Haute Ecole de Musique avec la musique classique, donc toute la structure a changé, les exigences aussi,  les règlements, les crédits, etc. Bref, je trouvais que le Jazz diminuait d’importance. »

JMR : « Hormis le « Swiss Jazz School Orchestra » de Berne, tu as fondé, en 2003, je crois, le « Swiss Jazz Orchestra » ?

GR : « Quelle mémoire ! Oui, effectivement, l’atmosphère du big band me manquait. Le patron du festival de Jazz de Berne, Hans Zurbrügg, me proposa de jouer dans son club, le « Marian’s Jazz Room », le dimanche en fin d’après-midi. Mais personne ne va écouter du Jazz le dimanche à cette heure à Berne. Après une année, nous sommes allés au « Bierhübeli », tout près du « Marian’s » d’ailleurs, et depuis 10 ans, ils font le plein tous les lundis soirs ! Cela ressemble étrangement à la soirée du lundi des big bands à New York !»

JMR : « Pourquoi n’entend-on pas cet orchestre ici ? »

GR : « C’est le problème. On nous fait comprendre que ce projet reste une chose bernoise pure et dure et on ne veut pas que cela aille ailleurs … C’est le gros problème chez nous. Nous manquons d’ambition et d’allant, et ce dans beaucoup de projets artistiques malheureusement. C’est une honte car nous avons des super musiciens, parfois même meilleurs que certains venus d’ailleurs, et on ne le fait pas assez savoir. Il faut que cela change. »

JMR : « Revenons alors à ta venue à Lausanne… »

GR : « Je savais qu’en Romandie, il n’existait aucune école dite « Haute Ecole de Musique ». Il n’y en avait qu’en Suisse alémanique, toutes les quatre accréditées en 2003. Il y avait un décalage. A Lausanne, nous avons dû créer une toute nouvelle équipe. Nous avons dû engager des gens qui avaient des titres et qui étaient reconnus comme professeurs. Cela a pris du temps mais ce fut une fantastique occasion de créer quelque chose qui n’existait pas : une école prisée dans l’Europe entière. L’HEMU de Lausanne y arrivera bientôt. Il y a un mélange étonnant, des étudiants de Suisse romande bien sûr mais aussi de Suisse alémanique, de France, d’Italie … Ils sont ravis d’être ici car on les fait jouer un peu partout, à Sion, Monthey, Fribourg, Zurich, Bâle, etc. »

JMR : Pendant ce temps, tu refondes un big band. Tu es un peu « Mr. Big Band »…

GR : Oui, j’ai essayé. On voulait jouer régulièrement à Genève et à Chorus à Lausanne, mais cela demande beaucoup de travail. C’est une lourde charge et une rude tâche. On perd de l’argent et beaucoup de temps dans la communication, la musique, les gigs, les contrats ; c’est un travail à plein temps. De plus, la publicité coûte tellement cher, tout ça pour avoir 50 personnes dans la salle. J’ai tenu deux ans et j’ai jeté l’éponge. Mais je sais qu’un jour, je le reprendrai. J’aimerais essayer de faire quelque chose dans le quartier du Flon, à Lausanne, avec une collègue de l’HEMU. Nous avons eu deux très belles aventures. La première avec le grand compositeur, parolier et pianiste Yvan Lins, star brésilienne, sur des arrangements de Bob Mintzer. Je sais qu’Yvan n’avait jamais réalisé d’album avec un big band et Bob fut le bon choix pour arranger sa musique. Il y a eu aussi la tournée avec Marie-Thérèse Porchet car je suis un ami d’enfance de Pierre Naftule. Joseph Gorgoni (alias Marie-Thérèse Porchet), désirait depuis très longtemps chanter devant un big band. Nous avons fait 34 dates et ce fut une expérience vraiment très enrichissante. »

JMR : S’occuper d’un big band est un travail à 150 % …

GR :  Oh que oui ! De plus, mes activités au sein de l’HEMU (haute école de musique de Lausanne) reste très importante car il y a beaucoup de choses à lire, et à appliquer ensuite, entre le canton Vaud, les lois fédérales etc … Ce qui m’a fait arrêter le big band est, en partie, le problème d’un endroit régulier où jouer, comme il y en a à Berne par exemple. Quand Eddie Daniels est venu jouer avec nous, il fut très étonné du haut niveau de l’orchestre … il faut dire que nous avions travaillé dur pour ça.

Mais je vais essayer à nouveau car je suis persuadé que nous pourrions trouver des soutiens afin qu’un big band vive ici.

JMR : Tu as énormément contribué à faire connaître l’orchestre de la « Swiss Jazz School » de Berne, qui continue toujours à jouer tous les lundis à Berne …

GR : Oui tout-à-fait. Il joue tous les lundis dans un fameux endroit nommé le Bierhübeli, comme le club le « Village Vanguard » à New York. Tous les lundis, le « Vanguard Jazz Orchestra » ou un autre d’ailleurs y joue … c’est devenu une tradition un peu mondiale … tous les lundis, bons nombres de big bands Jazz jouent dans un club dans le monde.

Bob Mintzer s’est produit avec l’orchestre à Montreux en 1997; il existe un CD de ce concert que j’aime beaucoup …

L’année suivante, nous nous sommes produits au Cully Festival en hommage à Jaco Pastorius.

Nous avons eu aussi l’honneur de collaborer avec John Lewis et le fabuleux Gerald Wilson,  tous deux sont venus diriger notre orchestre à plusieurs reprises au festival de Jazz de Berne. Quels moments !

JMR : Tu décides de fonder ton label, « GRP Productions »

GR : Oui, quoique pas nouveau car mes deux premiers albums, le premier avec Niels Lan Doky à New York en 1984 et mon deuxième album en quintet avec Tom Harrell, « Lonely Eyes » (1), furent sortis son mon label, « GRP Recordings ». Pour ce dernier, j’en ai bien vendu, les japonais m’en ont d’ailleurs encore commandé deux mille il y a quelques mois, alors que c’est un album enregistré il y a plusieurs décennies déjà … (1989)

Tu vas me demander pourquoi ? Et bien avec les labels que je connais, on ne sait jamais combien on a vendu d’albums, et les royalties sur les ventes ne sont pas légions, voire inexistantes, dans la plupart du temps. Je n’ai jamais su combien j’avais vendu de disques, exception faite sont les japonais. Le label DIW, avec lequel j’ai réalisé deux albums, chaque année, je reçois un décompte. Donc, je me suis dit que si c’est ainsi, alors il vaut mieux que je m’occupe de mes productions. C’est un gros boulot car il y a tout le travail de la promo, distribution, de la visibilité etc. A ce jour, j’ai 4 CDS à mon catalogue (note 1)

JMR : Concilier le métier de musicien et de professeur, qu’en penses-tu ?

GR : Beaucoup de grands musiciens vivent aujourd’hui plus de cours que de concerts … mon grand ami le regretté pianiste Mulgrew Miller en était une preuve flagrante. Il enseignait beaucoup car les gigs sont devenus rares.

A Berne, on ne m’a pas demandé de devenir professeur de saxe car il y avait déjà de grands, comme Andy Scherrer. On m’a demandé de venir diriger l’école de manière artistique, mais aussi administrative. Au début, j’ai pu apporter beaucoup car il n’y avait quasi pas d’ateliers en fait. Dans cette école de 70 élèves, on a crée deux big bands ! C’est fantastique.

Jouer dans un big band, c’est aller à l’école, apprendre la base de musicien mais aussi d’un répertoire, une discipline. Ca, je l’ai crée et j’en suite fier. Ce fut la même chose à Lausanne.

JMR : Qu’aimes-tu alors transmettre en tant que professeur ?

GR : J’aime faire des « master class », c’est-à-dire me retrouver dans un auditorium de 50 ou 1’000 élèves pendant 5 heures et de faire ce que j’ai envie. Je peux parler d’harmonie, de morceaux, d’histoire du Jazz, de philosophie de la musique, d’instruments … Par contre, donner des cours privés et être responsable de la formation d’un élève, je le laisse à d’autres. Ce n’est pas mon truc.

JMR : Tu aurais pu aussi trouver un poste à New York, vu toutes tes nombreuses connaissances aux USA, Canada et toute ta grande expérience d’enseignements en tant que musicien mais aussi justement animateur de « master class » …

GR : C’est drôle ce que tu dis car c’est exactement ce que m’a dit un jour Kenny (Barron) quand nous étions en tournée. Mais je voulais revenir au pays et faire quelque chose en Suisse.

JMR : Bon, il faut dire que cela ne t’empêche pas de réaliser encore des tournées, moins longues certes mais tu peux encore le faire non ?

GR : Oui bien sûr. Avec Phil, nous avons fait régulièrement des tournées; avec Clark Terry aussi, j’en ai fait pas mal … Il n’y a pas si longtemps, juste avant ma maladie, j’ai tourné avec Alex Riehl, Pierre Boussaguet et Francis Coletta, un super guitariste français qui vit à Fribourg.

JMR : Finalement, il faut trouver un bon équilibre entre le métier de musicien et de directeur de haute école …

GR : Tu as tout deviné, c’est ça. Surtout que je me remets de ma maladie et j’ai décidé de reprendre, encore plus activement, ma casquette de musicien, que j’ai laissée un peu trop de côté ces derniers temps à mon goût. J’aime les remises en question, remettre les choses à niveau.

Musicalement parlant aussi, tu dois être vraiment cohérent. Tout ça, ce n’est pas facile ni à l’assumer, ni à le réalise.

JMR : Tu m’amènes tout naturellement à parler du festival « Jazz Estival » à Genève, dont tu as été le programmateur pendant treize ans.

GR : J’ai remplacé Pierre Bourru en 2001, organisé 73 concerts avec une moyenne de 405 spectateurs par concert, ce qui est une bonne moyenne, car à la Cour de l’Hôtel de Ville, la capacité est de 316 personnes … Donc, je pense que c’est un bon bilan. C’était une expérience très enrichissante et ai eu la chance d’y rester longtemps, beaucoup plus que d’autres. Je pense que le public genevois et romand est très attaché à cette série de concerts du lundi de juillet et août, c’est une tradition de nombreuses décennies. C’est un cadre magnifique et les musiciens adorent venir y jouer.

JMR : Je reviens sur ton instrument, l’alto. Pourquoi cet instrument ?

GR : J’avais 9 ans quand je m’y suis mis. Je n’avais rien à dire aux côtés de mes frères car j’étais le plus jeune. Ils avaient leur instrument depuis longtemps. Mon frère Marc, qui vit à Houston, c’est lui qui tirait tout le monde, car c’est un cinglé total de Jazz ! (rires) Il est pianiste, donc je ne pouvais pas prendre à sa place. Au départ, je jouais de la clarinette mais quand j’ai entendu Phil Woods, il était clair que cela serait cet instrument que j’allais choisir.

Dommage que Paul Tommen et son big band ne se soient pas expatriés car ils en avaient vraiment l’étoffe.

JMR : Quelle est la bonne base pour devenir musicien ?

GR : Il faut écouter les disques, aller aux concerts, côtoyer les musiciens, jouer avec eux. Malheureusement, aujourd’hui, cela se perd, ce qui est incroyable.

JMR : C’est plus que paradoxale effectivement car il n’y a jamais eu autant de possibilités d’apprendre, d’écouter, de sortir, de voir de jouer, et il semble que la connaissance des musiciens n’a jamais été aussi restreinte … Je me rappelle qu’un jour, à Berlin, j’étais avec Elvin Jones. Deux jeunes types sont venus le trouver et lui ont demandé des conseils afin de devenir meilleurs musiciens.

Il leur a répondu : « allez aux concerts, discuter avec les musiciens, jouer avec eux, allez dans les bibliothèques, les discothèques de prêts de votre ville … vous avez tout à disposition et vous ne faites plus rien … Instruisez-vous un maximum car vous avez tout à disposition pour le faire. De plus, vous n’avez pas grand-chose à payer car la plupart des choses sont gratuites de nos jours. Foncez foncez et foncez! A mon époque, nous n’avions RIEN mais nous savions énormément de choses ! » Cette anecdote m’a marqué à jamais …

GR : Tu mets le doigt sur un très gros problème actuel et je le retrouve tous les jours en tant que directeur et professeur.

JMR : Quels sont les musiciens qui t’ont le plus marqué ?

GR : J’écoute beaucoup de choses différentes et pas seulement du Jazz. J’ai grandi aussi avec la musique Funk des années 70, Herbie Hancock, les Crusaders, Chicago, Earth Sweet And Fire etc.  Ensuite de la Pop américaine comme le label « Motown » qui était proche du Jazz.

J’ai beaucoup écouté de pianistes, surtout Oscar Peterson. On peut dire que j’ai été influencé par lui. J’ai beaucoup appris du « Swing » grâce à lui et à Ray Brown. Grâce à ces deux monstres, j’ai appris et joué de nombreux morceaux qu’ils interprétaient d’une manière tellement unique, et qui le reste d’ailleurs, que tout cela m’a permis de devenir bien meilleur musicien. Oscar et Ray …

Phil Woods m’influença énormément aussi bien évidemment. Par contre, les autres altistes comme Benny Carter, Johnny Hodges le furent beaucoup moins, je les écoutais certes mais très peu par rapport à Phil dont j’étais un « accroc » inconditionnel (rires).

Il y a eu aussi Bill Evans. J’ai piqué des trucs à Michael Brecker et à Coltrane également.

Après, d’autres ont eu une influence certainement mais ce n’est pas évident pour moi de le dire …

JMR : Ta vraie base, c’est d’avoir joué avec des meilleurs musiciens que toi, des musiciens qui avaient plus d’expériences …

GR : C’est tout-à-fait juste. Cela m’a mis en confiance. Je sais que je ne serai jamais Phil Woods ou Cannonball Adderley ou Clark Terry mais j’éprouve le besoin de jouer avec des musiciens de cette trempe afin de m’améliorer sans cesse. J’ai eu d’énormes chances de pouvoir jouer avec tous ces mecs, dont particulièrement Clark Terry, qui reste un des plus grands Maîtres du phrasé. Ce que les gens ne se rendent pas compte, c’est que Clark, qui est un souffleur, reste un tellement fabuleux musicien et ce à tous les niveaux, ce qui est rare. Beaucoup de musiciens excellent dans un domaine bien précis mais sont moins bon dans d’autres. Lui, il est au TOP et insurpassable à TOUS LES NIVEAUX !!!


George Robert (gauche) et Phil Woods (droite) en 2000. Photo © George Robert.

En tant que saxe, j’ai besoin d’avoir une rythmique qui « groove », et quand ça démarre, c’est la meilleure fusée au monde qui joue. Quand tu as ça à tes côtés, tu peux tout jouer. J’ai eu ça, par exemple, avec Kenny Barron, Rufus Reid et Alvin Queen. Ils adorent jouer ensemble. Un autre exemple est le trio Ray Brown, Dado Moroni et Jeff Hamilton ! C’est fabuleux ! Vous êtes porté par cette rythmique et non pas l’inverse!

Impossible de porter Ray Brown, c’est lui qui vous portait, à chaque note, à chaque seconde de votre vie de musicien.

D’ailleurs, nous travaillons sur une tournée européenne en octobre 2014 avec Jeff Hamilton, Peter Washington et Dado Moroni. Il ne reste que quelques dates de libre. Nous avons toujours un public pour nous écouter mais il faut faire de la bonne publicité car il y a toujours des endroits et un public pour nous écouter.

JMR : En parlant de l’école, il y a de superbes jeunes musiciens dont on commence à parler sur la scène du Jazz …

GR : Absolument. Un des meilleurs est le vibraphoniste Jean-Lou Tréboux, il joue terrible et il va aller loin s’il fait ce qu’il faut. Il a remporté le 1er prix de la 1ère édition du concours Crédit Suisse Jazzförderung au Festival de Stans en 2011; il y a aussi l’excellente chanteuse Sarah Lancman qui a reçu le 1er Prix de la Montreux Jazz Festival Vocal Competition en 2012.

Il y a des gens de France, d’Allemagne et d’Italie qui viennent étudier à l’école maintenant car il a très bonne réputation.

JMR : Tu essayes d’organiser des événements musicaux, car les organisateurs ne sont pas légions ici.

GR : Il est de mon devoir de le faire les choses, de me bouger, il le faut bien. Par exemple, en 2008, j’ai organisé le Congrès AEC Jazz & Pop à Lausanne. En 2010, l’Orchestre symphonique et le big band de l’HEMU sont dirigés par Michel Legrand dans 2 concerts somptueux de sa plus belle musique de film avec des concerts au Bâtiment des Forces Motrices et à la Salle Métropole.

A Pully, j’ai produit ce formidable concert des « New York Voices » avec l’HEMU Big Band dont c’était la première représentation « live » avec le formidable et incroyable Jérôme Thomas comme leader et catalyseur …

JMR : Comme par hasard, à chaque fois, c’est le succès et les salles sont pleines …

GR : Et oui mais, malgré cela, c’est toujours aussi difficile d’organiser des événements ponctuels de la sorte.

JMR : As-tu quelques anecdotes à me raconter ?

GR : Ohhhh … Clark Terry: nous sommes en tournée aux US et on arrive à l’hôtel à Washington DC et à un moment, il y a le téléphone qui sonne. Je réponds et j’entends cette voix de femme, hyper haute et sensuelle qui me dit: “Hi George, do you remember me? This is Priscilla! We used to go out you and me years ago, you remember?” Et moi, comme un nul, j’y ai cru; mais je pouvais pas reconnaitre cette voix. Et après un moment j’ai réalisé que c’était Clark qui me jouait un tour. (rires)

Lorsque Sam Woodyard est venu à la maison des Robert à Chambésy, il était en tournée avec Gérard Badini et son Swing Machine. Il m’a demandé de jouer de la clarinette avec mes frangins. Après, il s’est tourné vers Jimmy Woode et lui a dit: “This young man has to become a musician! I call him Youngblood”: Un nom indien qui rappelle le sang indien de Sam. J’avais 14 ans et j’ai suivi ses conseils à la lettre…

Phil Woods, lors de la tournée avec son big band. Chaque soir il me présentait au public en me faisant jouer l’arrangement magnifique qu’Oliver Nelson avait écrit pour Phil sur le blues de Leonard Feather  “I Remember Bird”. Et le 1er soir, je me lève, vais au micro devant l’orchestre pour prendre mon big solo. Après l’exposé du thème, je sors une de ces phrases bien bluesy et bien grasses, et j’entends Phil qui hurle derrière mon dos : “Come on, you dirty Swiss motherf….r!”. L’un des tenors du big band me dit un soir:

“Hey Man, the way you play, you cannot be Swiss. You’re from Jersey, Man!” (Rires prolongés).

Lors d’un gig d’une semaine avec le George Robert-Tom Harrell Quintet au « Catalina’s » à Hollywood, Los Angeles, j’appelle Horace Silver le 1er jour pour l’inviter au concert le 1er soir. Il vient et il m’appelle le lendemain pour me dire: “You guys were really burning!”. Ca m’a beaucoup touché car  Horace a toujours été mon héro.

Mais il y en a plein d’autres …

JMR : Malheureusement, pour la plupart d’entre elles, nous ne pourrons pas les raconter ici! (rires) J’en ai une à ton sujet … que tu ne connais pas …

GR : Ahh …. (Silence de George … presque inquiet …), c’est laquelle ?

JMR : L’été passé à la Cour de l’hôtel de Ville, Genève, « Jazz Estival ».

Nous étions le 15 juillet et c’était la soirée du fantastique trio Kenny Barron, George Mraz et Lewis Nash. Après le concert, au restaurant, nous avons parlé de toi et je dis à Kenny : « George is a good musician ». Je n’ai pas terminé ma phrase qu’il me regarde avec des gros yeux en me coupant la parole : « You’re kidding !!??? He’s a GREAT musician!!!! I have to confess you something, along with George and Lewis. I recorded a lot in my life, with a bunch of important people. I have to say one thing: the duet album I did with George is one of my top three favorite albums I ever did in my career Man!” (note 2)

Long silence d’émotion de George.

JMR : Un souvenir particulier en tant que professeur ou directeur d’école

GR : C’est facile, le meilleur moment est lorsque j’ai invité Ray Brown et son trio à l’école de Jazz à Berne en 2002, avec Greg Hutchinson à la batterie et Goeff Keezer au piano.  Le matin, chaque instrument avait sa classe; l’après-midi, le trio était présent pour tous les élèves. Il a tout expliqué, joué, parlé de musique mais aussi de philosophie musicale, de l’être humain par rapport à la musique etc. C’était monstrueux et hallucinant.  Il y avait des étoiles suisses montantes ce jour-là tel que Daniel Aebi, Stewy von Wattenwyl, Fabian Gisler, Giorgos Antoniu, Domenic Egli.

Il m’est difficile de résumer le tout, il fallait être présent pour le comprendre. Cela reste inoubliable mais ça, je le sais ! Ray était un roc inébranlable, autant dans la musique que dans la vie privée, un type hors norme. On comprend pourquoi tous les musiciens du monde ont rêvé de jouer au moins une note avec lui!

JMR : Un des moments inoubliables de ta carrière de musicien ?

GR : Un jour, je reçois un téléphone … de Chick Corea … Il me demande: « Serais-tu d’accord de jouer avec moi à Verbier ? »

J’étais sans voix … Nous avons donc joué avec l’orchestre de 80 musiciens et le trio de Chick au Verbier Festival, le tout dirigé par Bobby McFerrin. Je me rappelle que nous avons interprété une version fabuleuse de « Spain » … C’est aussi un des moments les plus importants de ma carrière !

JMR : Tu as d’autres projets d’ailleurs …

GR : Oh … que oui.

Je vais enregistrer, en été 2014 au Canada, avec un super contrebassiste danois, Torben Oxbol, qui a tronqué son instrument il y a quelques années pour devenir immense arrangeur.

Personne ne le connaît ici mais là-bas, on se l’arrache! Ce nouvel album sera dédié aux compositions de Michel Legrand. J’y travaille depuis un an déjà.

La haute école de Jazz sera aussi autonome au début de 2014 avec l’inauguration de deux nouveaux bâtiments. Cela va être magnifique et me réjouis tellement. Nous pourrons organiser des concerts car il y aura une salle conçue exprès pour.

En mars (2014), je repars en tournée en Allemagne avec le Pepe Lienhard Big Band comme « lead » alto.

Je donnerai aussi un concert spécial le mercredi 30 avril 2014 à l’Eglise St-François à Lausanne en duo avec le magnifique pianiste et professeur Emyl Spanyi; nous rendrons hommage à Duke Ellington et Billy Strayhorn, deux génies de la musique du vingtième siècle.

Le dimanche 18 mai 2014 à 17h à Chorus, je jouerai en avec Kenny Barron, il faudra réserver les places bien à l’avance … Nous allons enregistrer notre 6ème album ensemble dont le 2ème en duo. Quel grand  honneur!

JMR : As-tu encore quelque chose à rajouter à notre discussion ?

GR : « It Don’t Mean A Thing If Ain’t Got That Swing ».

JMR: Effectivement, on peut l’avancer, notre homme est bel et bien de retour aux affaires en cette année 2014. « Watch out guys! », sacré « Youngblood »!

Note 1) « Lonely Eyes » The George Robert-Tom Harrell Quintet, “Cool Velvet », « Estate » et  « Abre Alas ».

Note 2) « Peace », George Robert/Kenny Barron duo (live in Geneva), DIW Records (2003).

Post scriptum par JMR: Ce que George ne m’a pas parlé :
– il reçoit le Prix de la Fondation Suisa pour la Musique en 2000.
– il publie, pour la prestigieuse maison d’édition allemande ADVANCE MUSIC, un superbe et luxueux recueil de 47 de se compositions, avec une préface signée par le critique Dan Morgenstern, Kenny Barron, Phil Woods, Bob Mintzer et Phil Collins, avec plein de magnifiques photos de musiciens légendaires à travers les décennies. Cet ouvrage est toujours disponible.
– il est décoré Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres de la République Française en 2008.


George Robert Quartet avec Kenny Barron, Rufus Reid et Kenny Washington : Inspiration. TCB, live,2003. Commandez ce CD chez Amazon.frAmazon.de et Amazon.com.


Clark Terry, Ray Brown, Jeff Hamilton, Dado Moroni, Mark Nightingale, George Robert: Remember the Time, 2002. Commandez ce CD chez Amazon.frAmazon.com et Amazon.de. Les disques de Clark Terry chez Amazon.fr. Notes de musique / sheet music de Clark Terry.


George Robert : Metropole Orchestra. Mons Records, 2002. Commandez ce CD chez Amazon.fr et Amazon.de.


George Robert & Phil Woods : Soul Eyes, 2005. Commandez ce disque chez Amazon.fr et Amazon.de.


George Robert : Soul Searching, 2005. Commandez ce disque chez Amazon.fr et Amazon.de.


George Robert, Kenny Barron : Peace. Diw, 2005. Commandez ce CD chez Amazon.de. Notes de musique / sheet music de Kenny Barron.


George Robert Quartet Feat. Mr. Clark Terry: Live at Q4. Commandez ce CD chez Amazon.fr et Amazon.de.

Article par  » Beethoven  » Jean-Michel Reisser.